Cette semaine, j’ai été la grenouille dans l’eau qui bout.

Pour produire cette newsletter, je fais d’ordinaire une veille quotidienne, voire deux fois par jour. Mais des soucis personnels (je te passe les détails, on a tous nos problèmes) et un méchant virus m’ont empêché de la faire pendant 3 jours entiers. Au rythme où va l’info en ce moment, mauvais timing. J’ai commencé le week-end avec plus de 600 sources non consommées. Ça fait beaucoup. Surtout dans le climat anxiogéno-optimiste qui règne. Alors que vendredi prochain, on fête les amoureux. Ou l’amour. Et l’amour ?

Comment tenir ma promesse de t’informer, décrypter, t’éclairer sur les événements, articles, essais, méthodes et informations parues dans la semaine qui peuvent impacter ton business ? Comment continuer à faire le tri, trouver les connexions, éliminer le bruit ? C’est dans les crises que se révèlent les opportunités. C’est donc une excellente semaine pour revoir le rubriquage. Parce qu’en fait il n’y a plus grand chose qui rentre dans les cases. J’en garde 3, quand même. Même si les événements actuels s’immiscent aussi dans le On s’détend. C’est dire si on vit une époque formidable.

Au delà du FOMO (fear of missing out), du FOBO (fear of becoming obsolete), et de la pression de tenir les promesses faites à mes abonnés, je kiffe de rédiger ces éditions. Que tu me lises est la cerise sur le gâteau de mes réflexions hebdomadaires - qui nourrissent aussi évidemment mes accompagnements de dirigeants et mes conférences. Que tu me répondes est une récompense très appréciée. Que tu cites une édition comme inspiration dans un post LinkedIn, une fierté indicible (et une excellente source de referrals, n’oublie pas de partager ton lien personnalisé de parrainage). Et que tu deviennes abonné Premium me permet de compenser une partie des dépenses de ma veille.

📆 N’oublie pas, il n’y aura pas d’édition régulière les 24 février et 3 mars prochains. Je réserve un Hors-Série aux abonnés Premium pendant la période.

Entre les annonces pré-Sommet de l’IA dont Deep Research, les promesses tenues de Trump et Musk au grand dam de ceux qui croyaient qu’ils ne le feraient pas, le SuperBowl, et toujours plein de tips pour faire grandir ton business, j’espère que cette nouvelle version te plaira. N’hésite pas à me répondre pour me dire ? Et au cas où tu te demandes, oui, une des 3 rubriques qui ne changent pas est la femme de la semaine. Clique sur le "Lire en ligne" tout là-haut à droite pour être sûr de ne rien rater !

Et parce que j’ai réservé la majorité des annonces du Superbowl aux abonnés Premium, et que les nouvelles sont franchement pas roses, 8 minutes 44 de rire avec Bill Maher sur la technologie qui complique la vie parce que… pourquoi d’ailleurs ?

Bonne lecture, et bonne semaine !

Ça fait 4 ans que je rédige cette newsletter. Et même si elle est chargée d’actualités, j’avais jusque là réussi à ne pas trop parler politique. Un peu de French Tech, de Muskeries, de Trumperie TikTok, mais pas trop. Les événements des dernières semaines rendent impossible à présent ce chinese wall auto-imposé. Parce que tout est politique. Tout est business. Tout est intermêlé.

🦖 Quand j’ai appris le business aux US au siècle dernier, une des analyses indispensables en préalable à la construction d’une stratégie d’entreprise était le PESTEL, l’examen de l'environnement macroéconomique d'une entreprise à travers 6 dimensions : Politique (stabilité gouvernementale, politiques publiques), Économique (croissance, inflation, taux d'intérêt), Sociologique (démographie, modes de vie), Technologique (innovations, R&D), Environnemental (écologie, développement durable) et Légal (lois, réglementations).

La Tech a longtemps cru qu’elle façonnait le PESTEL, plus qu’elle n’en était tributaire. Entre régulations de l’IA, manipulations d’algorithmes pour influencer l’opinion publique, interdictions de technologies pour des raisons de sécurité natonale, et changements des droits de douanes quasi quotidiens, ce temps est révolu.

🛃 Commençons par les droits de douanes. Les américains ont eu la surprise de recevoir des tas de SMS leur demandant de payer des droits de douanes complémentaires pour leurs babioles Temu et Shein, mais pas que (les droits s’appliquent selon le pays de fabrication du produit, quel que soit le lieu d’envoi). Puis retour en arrière, mais on ne sait pas pour combien de temps. L’Europe se prépare à la guerre des tariffs que Trump a déjà lancé contre le Canada et le Mexique. Avec un impact imprévisible sur ton business, que ce soit en termes de prix (si tu exportes) ou de coûts (si l’Europe taxe les GAFAM par exemple). J’ai pas de solution miracle, évidemment. Juste un conseil de prévoir plusieurs futurs possibles pour avoir des plans d’action à dégainer le cas échéant.

Dans la liste des trucs dont on a du mal à prévoir les conséquences, je pourrai parler des essais répétés des gouvernements d’avoir accès à des données privées, comme le dernier en date du UK versus Apple. Mais il y a surtout toutes les actions d’Elon Musk et de son DOGE au sein du gouvernement américain et de l’ensemble de ses agences fédérales. En résumé, une bande de GenZ à peine pubères a débarqué un peu partout, exigé des accès sécurisés à des bases de données confidentielles (et jusque là silotées), obtenu des entrées pour modifier des millions et des millions de lignes de code dont certaines datant du COBOL que même moi j’ai pas appris à l’école, avec des visées sur celles qui gèrent le contrôle aérien. Autant j’ai trouvé génial d’envoyer des fusées vides dans l’espace et d’apprendre des crash plutôt que de sécuriser le moindre détail, autant là, ils sont pleins, les avions… Je ne sais pas si on est dans une terreur factice à la Y2K, ce qui est évidemment possible. Un smoke screen qui minimiserait habilement le fait qu’ils en ont aussi profité pour récupérer des tas de données personnelles jusque là non reliées entre les différents services de l’État pour les agréger, justement. Les faire passer dans de l’IA pour identifier les programmes à éliminer (et les gens aussi, évidemment, avec un agenda digne des pires dystopies - en plein jour). Et au milieu de ce scénario très 1984, ils en profitent pour faire aussi Farenheit 451 avec des tas de sites et de données. Ils cancellent. Leurs cris d’orfraie sur le sujet quand ça allait dans l’autre sens auraient dû nous mettre la puce à l’oreille qu’ils étaient jaloux de ne pas avoir eu l’idée les premiers. Ils ont compris. Et la digitalisation de nos produits culturels (livres, séries, films…) permet de le faire en un clic, sans traces à part notre (fragile) mémoire. Evidemment, pour plein de trucs, ce qu’ils font est clairement illégal. Mais le temps judiciaire est long, même si certaines tentatives de passer des lois pour freiner Elon portent des noms amusants. Et d’ici là, la dictature pourrait être en place. Oui, j’ai dit dictature. Tu proposes quoi comme mot à la place ?

📊 En France, les chiffres de l’Observatoire ePub 2024 sont sortis, et ils sont à la fois rassurants et étonnants.🇫🇷 Rassurants parce que le marché continue son bonhomme de chemin. Étonnants parce que non seulement le Display Vidéo cartonne, mais le Retail Media marque le pas hors Retail Search. Au niveau mondial, on voit bien que la fragmentation du Search 🇫🇷 (moteurs, retail, IA…) explose. On apprend aussi cette semaine, dans la dernière édition de l’étude Reech sur le marché de l’influence, que les Français auraient plus de mal à se passer des réseaux sociaux que de la télévision… et qu’ils sont 3 sur 4 à avoir acheté un produit suite à un partenariat avec un influenceur.🇫🇷 Je fais partie des 1 sur 4.

Trump, qui n’en est pas à une énormité près, propose un fonds souverain américain pour racheter TikTok. Pas sûr qu’il puisse vu l’endettement des US. Et pas sûr que la Chine soit d’accord.

Mais si, j’te jure ! Même le président le dit, sur le compte Instagram officiel de l’Elysée (merci Elodie de la découverte).

Alors que s’ouvre le Sommet pour l’Action sur l’IA (la première édition à Bletchley s’appelait AI Safety Summit, tu as remarqué le changement de sémantique ?) en France et sous la co-présidence de l’Inde, première visite officielle internationale du nouveau vice-président américain, les annonces se multiplient. En France, évidemment, avec la ministre de tutelle qui se fend d’un carrousel LinkedIn pour résumer les annonces, dont les milliards des Emirats Arabes Unis dans des data centers français, au cul des centrales nucléaires dont je répète depuis des mois qu’elles sont un de nos meilleurs atouts d’infrastructure. C’est évidemment le meilleur timing pour sortir le French AI Report, 68 pages moitié citations moitié chiffres, pour nous rappeler que tout n’est pas perdu.

🐓 Mistral, notre champion local, a même fait taire les mauvaises langues en sortant la semaine dernière ses très attendus apps mobile, un nouveau code interpreter, et Flash Answers, la réponse la plus rapide de l’Ouest grâce aux puces de Cerebras, entre autres. Leur nouveau générateur est très bien, j’ai même créé l’image illustrative de cette édition sur Mistral et non sur mon habituel MidJourney. Côté Inde, la start-up Krutrim annonce une levée de $230M. Même OpenAI annonce localiser des serveurs dans l’UE…

Comme Brad Smith (Microsoft), Sam Altman, Dario Amodei, ou encore Demis Hassabis, Sundar Pichai est attendu à Paris. L’occasion d’expliquer le récent abandon de la promesse de Google de ne pas utiliser l’IA pour des armes ou des activités de surveillance ? De promouvoir sa nouvelle gamme de modèles, dont le modèle de raisonnement Flash Thinking à présent connecté à l’écosystème (Youtube, Maps, Search…) ? De défendre le nom Deep Research qu’OpenAI vient de copier avec une campagne RP telle qu’on a oublié qu’il en existait déjà un, tellement les articles sont dithyrambiques, d’Ethan Mollick à la journaliste tech d’Axios Ina Fried en passant par Casey Newton ?

🤭 Hugging Face a mis 24 heures à sortir son Open Deep Research (et non pas OpenAI Deep Research, tu suis ?). Parce que y’a pas à dire, dans l’IA, ils savent faire des modèles, mais ils sont nuls en naming - Flash et Deep sont quand même sur-utilisés - comme en branding. Parce qu’OpenAI n’a pas que copié le nom Deep Research, ils se sont aussi largement inspirés de Google pour leur récent rebanding qui serait sans doute passé inaperçu s’ils n’avaient pas autant de journalistes qui écrivent sur eux.

Mais revenons à Deep Research deux minutes. Pour nous, les seniors (enfin nous, toi je sais pas, moi, c’est sûr), c’est génial. On a appris à faire des rapports à la main, on vérifie nos sources, on triple-checke nos citations, on sait compiler une bibliographie, bref, on peut prendre le premier jet et gagner en effet un temps dingue. En revanche, on n’aura plus besoin de juniors, à qui on ne transmettra donc plus nos méthodes. Et pour les juniors, le risque de se limiter aux résultats de l’IA sans remise en cause, voire même sans relecture, est élevé. La différence ne se jouera plus entre ceux qui utilisent l’IA et celles qui ne l’utilisent pas, mais entre celles qui savent bosser à partir de l’IA et ceux qui se reposent dessus. J’ai peur que ces derniers soient excessivement nombreux. Et je ne suis pas la seule.

LinkedIn n’arrête pas les mises à jour, et on a droit cette semaine à deux nouveautés. L’arrivée du fil vidéo sur le desktop, même si je te rappelle que toutes les vidéos ne sont pas sélectionnées pour en faire partie. Et des nouveaux analytics qui te disent comment ton profil est découvert entre posts, commentaires, recherche directe… Si tu as une stratégie de commentaires, ça te permettra de vérifier directement si c’est efficace.

⚡️ Un des mythes que je débunke systématiquement avec les dirigeants que j’accompagne : un succès n’est généralement pas réplicable. Arrête d’essayer.

5 tendances sur le pricing à suivre, voire à appliquer. Prends le temps de lire le carrousel, le post n’est pas suffisant pour bien comprendre.

Que les droits de douane menacent une industrie, c’est pas nouveau. Et certains secteurs ont été particulièrement créatifs à travers les âges pour les minimiser. Je ne connaissais pas l’histoire de la semelle des Converse, par exemple.

📸 Google Photos ne fait pas que stocker tes photos. Ça analyse aussi plein de trucs sur toi. Pour te servir de la pub ? Et pourquoi pas…

Les rallyes de ma jeunesse n’ont pas disparu. Ils sont devenus digitaux et attirent des jeunes qui veulent faire partie de la jeunesse dorée du old money. Dans toutes les récessions, les clubs privés se portent mieux…

🤪 Anthropic ne veut pas que tu utilises l’IA, même la leur, pour rédiger ta candidature à un de leurs jobs. Isn’t it ironic ?

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