Je pensais faire la majorité de la newsletter sur le CES qui vient de se terminer. Man plans, God laughs. Je vais quand même parler du CES, évidemment. Mais le sujet phare de cette édition est différent. Et vous intéresse, puisque vous êtes plus de 20 nouveaux abonnés arrivés suite au post LinkedIn qui annonçait ce sujet central. Donc le CES se retrouve entre deux rubriques, “Bon à savoir” pour une partie, et “La Minute IA” parce qu’évidemment, il a (beaucoup) été sujet d’IA…

Cela rejoint l’épineuse question de revoir le sommaire de cette newsletter. L’IA est à présent partout, est-ce que la Minute IA est aussi pertinente (un peu comme les Chief Digital Officers qui ont disparu après un temps) ? Finalement, est-ce que les choses à savoir ne nous font pas aussi réfléchir ? Bref, le retour d’un sujet “À la une” comme au lancement de cette veille hebdomadaire est possible. Tu en penses quoi ? J’attends tes retours par mail, WhatsApp, LinkedIn, Bluesky, pigeon voyageur…

On va donc décortiquer les dernières annonces de Zuck. On parle aussi CES, Netflix, elevator pitch, pricing... Avec (beaucoup) d'IA et une femme à l'honneur comme chaque semaine. Clique sur le "Lire en ligne" tout là-haut à droite pour être sûr de ne rien rater !

Bonne lecture, et bonne semaine !

🐓 La French Tech est inquiète, et ça se voit. Maya Noël parle même de retour aux fondamentaux du business.🇫🇷 Retour, seriously ? Parce qu’elles s’en étaient détournées ? Pas étonnant que les VCs interviewés par Sifted parlent consolidation, internationalisation clients, et même disparition de certaines licornes.

Et pendant ce temps, 115 entrepreneurs signent une tribune pour proposer de mettre plus à contribution les grands patrimoines.🇫🇷 Cedric O, Lucie Basch, Séverin Prats… la liste est aussi à parcourir pour lire qui n’est pas signataire, en fait.

Je te prévenais la semaine dernière que Zuck avait changé le directeur des affaires publiques de Meta et l’avait remplacé par un proche des Républicains. Une vidéo d’annonces de changement de politique de modération plus tard (Frédéric Filloux a transcrit et traduit 🇫🇷 la vidéo qui a lancé cette semaine folle), tout le monde a un avis, et beaucoup (trop) d’articles font des titres putaclic et sortent des mots de leur contexte, en particulier extraits de cet échange chez Joe Rogan. Presque 3h, c’est long, mais c’est beaucoup plus nuancé que ce que j’ai pu lire dans les medias, traditionnels ou non (y’a aussi des énormités qui sont dites parfois chez Joe Rogan, comme le démontre Jon Stewart).

J’ai regardé ces 2h50 en entier, et au-delà des interprétations politiques des changements, ce qui m’a le plus frappé, c’est la suite du rebranding de Zuck dont j’ai déjà parlé. La chaîne en or qui brille est plus discrète, les boucles sont toutes à leur place, et il parle presqu’autant blessures physiques, arts martiaux, chasse, et tir à l’arc que liberté d’expression. C’est d’ailleurs amusant de le voir parler de ses méthodes traditionnelles de récupération physique face à un Joe Rogan qui lui conseille de se bourrer de peptides - mais ne le convainc pas. Il évoque aussi la relation aux écrans des enfants, en donnant des exemples personnels, et en prévenant que pour une plateforme, c’est compliqué de faire des choix à la place des parents.

Je ne suis quand même pas convaincue par cette version à la fois douce et puissante d’un Zuck rebrandé pour plaire aux foules MAGA (pourquoi pas un nouveau logo, tant qu’à faire ?), qui sont d’ailleurs loin d’être convaincues. Le diable, comme souvent, est dans les détails - et dans l’éxécution. Au-delà de remplacer le fact-checking professionnel par des community notes dont l’efficacité n’est pas encore prouvée,🇫🇷 (n’en déplaise à Papa Chappaz 🇫🇷), Zuck a aussi fait marche arrière sur la modération a priori des contenus haineux envers certains groupes (LGBTQIA+, immigrés, etc.), donc la “ré-humanisation” de la modération permettra à présent de déshumaniser des personnes homosexuelles, immigrés, ou transgenres.🇫🇷 Il a tué son programme DEI (Diversity, Equity and Inclusion). Il a nommé Dana White, le président de l’UFC (Ultime Fighting Corporation) et proche de Trump, à son Board - qui n’a d’autre pouvoir que de le conseiller puisque, rappel utile, Zuck est indéboulonnable à la tête de Meta. Et les contenus politiques reviennent en force sur Instagram et Threads. Ce qui ne l’empêche pas de censurer les medias qui rapportent la façon dont les pubs passaient la modération avant tous ces changements. Pourtant, rien de tout cela ne lui garantit les faveurs du futur président - et ne clarifie pas non plus ce qu’est Meta. Zuck admet dès le début du podcast avec Joe Rogan qu’il compte sur le gouvernement américain pour le défendre en Europe… où le fact-checking continuera.

2025, l’année des réseaux et des communautés ? Il va te falloir un elevator pitch en béton pour te présenter en 30 secondes. Ce framework fonctionne bien, démonstration par mon exemple :

Ce n’est pas parce que les outils existent pour arroser LinkedIn de cold emails que tu dois le faire. Les acheteurs B2B sont plus matures, plus méfiants, plus aguerris aux techniques de sag*in qui pullulent pourtant encore. Alors depuis 4 ans que je te parle d’ABM (Account-Based Marketing), peut-être que cette année tu vas t’y mettre ?

Et si tout le monde n’aura pas l’an prochain un robot dans son salon ou son usine, Nvidia permet quand même d’avoir non pas un robot, mais Project DIGITS, un “super-ordinateur” qui permettra de tester dans des modèles IA sans dépendre du cloud. Pour $3000, dès Mai 2025. Moins cher qu’un MacBook Pro…

L’autre lancement du CES qui sera sans doute discuté à la machine au café ce matin est Omi, une espèce de sticker à se coller sur la tempe pour avoir l’IA à portée de tout. Mauvais épisode de Black Mirror ou le prochain flop à la Rabbit R1 ? Je sais pas, mais en regardant la vidéo de lancement, je me demande en quoi ça peut pas se passer sur un device existant, smartphone ou lunettes…

Ailleurs, Sam Altman s’est encore fendu d’un essai pudiquement appelé “Reflections”pour nous prévenir que les agents, c’est maintenant, et l’AGI, c’est demain. J’ai du mal à dépasser l’énervement provoqué par le humble bragging classique de ce genre d’exercice (autant que je ne crois pas qu’il vient de réaliser qu’à $200 le plan Chat-GPT Pro, l’entreprise perd encore de l’argent), pas forcément un #MustRead (lis plutôt l’interview donné à Bloomberg). Sur les agents IA, il pense qu’ils vont remplacer tes collaborateurs. Quant à l’AGI, il est super optimiste. Alors je te mets aussi les deux derniers opus de son Nemesis, Gary Markus, qui pense que l’AGI n’est pas prête d’arriver (et que beaucoup ont du mal à l’admettre). Perso, je ne sais pas. Mais je continue d’observer.

Aux US, les bagages perdus sont collectés par une entreprise qui ensuite ouvre, trie, et évidemment vend ce qu’elle y trouve. Si quelqu’un connaît l’équivalent français, ça m’intéresse, le business model est quand même génial, de vendre des produits qui t’ont coûté zéro. Et si ça n’existe pas…

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